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L'aventure. Corrigé d'un résumé d'un texte de Roger Mathé

Sujet.

Résumez le texte suivant en 100 mots (plus ou moins 10%). Vous indiquerez les sous totaux de 20 en 20 (20, 40, …) par un trait vertical et par le chiffre correspondant dans la marge. Vous indiquerez obligatoirement votre total exact à la fin de votre résumé.

 

L’aventure ! ce qui va arriver, c’est-à-dire, nous l’espérons bien, ce qui va troubler notre situation, déranger notre quiétude. Laventure, bien que riche en fatigues, en souffrances, en risques, est toujours tentante. Ceci pour deux raisons :

1. Elle nous divertit, en faisant craquer le cercle de nos habitudes. Après l’aventure, nous avons des chances de vivre dans des conditions tout autres que précédemment. Pendant l’aventure, nous sommes affranchis de nos soucis routiniers, nous vivons à un rythme exaltant ; l’ennui, le chagrin, la peur du lendemain s’estompent. Nous avons, en vivant l’aventure, un sentiment de libération : du fait que nos habitudes, notre mode de vie sont bouleversés, nous sentons se relâcher nos liens avec le passé et les contraintes sociales, légales (…)

2. Confrontés à un état de choses inattendu, nous sommes obligés de faire un effort sur nous- mêmes pour nous adapter à des circonstances inconnues. Si banale soit-elle – simple incident de voyage – l’aventure nous contraint à nous dépasser, en montrant présence d’esprit, souplesse, parfois courage et endurance (…)

L’amour de l’aventure a des interférences avec le sens exotique, le désir d’évasion, le goût des voyages le sentiment héroïque, et c’est normal. Au départ de l’aventure, quelle qu’elle soit, il y a toujours un besoin de changement. « Le pirate, écrit Gilbert Lapouge, est un homme qui n’est pas content. L’espace que lui allouent la société ou les dieux lui paraît étroit, nauséabond, inconfortable. Il s’en accommode quelques brèves années et puis il dit “pouce”, il refuse de jouer le jeu, il fait son baluchon ». Tous les aventuriers ne sont pas des pirates, mais ils veulent changer dhorizon. Le mouvement leur est imposé : déplacement corporel en général, quelquefois divagation de l’esprit, errance dans le monde du rêve ou des chimères. Certes les sages résistent à cette quadruple tentation : ils s’accommodent de leur sort, ils démystifient l’héroïsme, ils vivent en plein accord avec eux-mêmes, ils restent en place. Diogène dans son tonneau, Montaigne en sa librairie, Pascal dans sa chambre, La Fontaine dans ses parcs.

Ce mot fait naître des sentiments ambigus : admiration pour l’homme qui ose et fait bon marché de sa vie méfiance à l’égard d’un individu en marge dont l’action, même louable, heurte l’opinion publique. Il est indéniable que l’aventurier, dans l’ordre de l’action ou dans le domaine de la pensée, porte en lui des virtualités héroïques. Le Grand Larousse Encyclopédique le définit : « Qui cherche la gloire par les armes. Les anciens Paladins étaient des aventuriers », définition désuète et restreinte : il est, depuis longtemps, d’autres aventures que les hasards des combats (…)

Il existe, à vrai dire, une autre catégorie d’aventuriers, hommes d’action, hommes de science ou de foi. Eux aussi, à leur manière, s’engagent dans des entreprises hasardeuses. L’amour du risque les exalte, les incite à se surpasser. À la différence des précédents, ils sont désintéressés, le désir de servir les anime, même s’ils usent de violence. (…) Certes, ils font bon marché de leur vie, de la vie des autres ; mais le mobile qui les voue à l’aventure, si discutable soit-il, reste noble : ils servent une cause qu’ils croient juste, ils assouvissent une vengeance qu’ils jugent légitime. Ils jouent un jeu dangereux pour le triomphe d’un parti.

D’autres aventuriers, hautement estimables, sans verser le sang, mettent en jeu pareillement leur bonheur, leur réputation, leur vie. Ce sont des êtres sociaux, remarquablement équilibrés, mus par un noble dessein. Ils servent les intérêts de l’humanité en explorant des pays inconnus, des espaces hors de notre portée, ou l’univers infiniment mystérieux que constitue notre être. Ce sont tous des chercheurs d’aventure, puisqu’au départ et au cours de l’action, ils prennent un risque : affronter le danger, l’indifférence ou l’hostilité, parier sur une hypothèse qui peut se révéler erronée, se heurter à des obstacles matériels ou spirituels... Leur action est inoffensive : elle ne s’exerce pas au détriment d’un homme, d’un groupe. René Caillié[1] pénètre dans Tombouctou déguisé en Touareg : il n’abat personne. Rarement l’explorateur des déserts ou des forêts tropicales s’ouvre une route à coups de fusil. Quant au savant, au mystique, il assume personnellement tous les dangers (…)

Roger Mathé, L’Aventure d’Hérodote à Malraux, Bordas, 1978

 

Corrigé

1) Éléments de biographie.

Roger Mathé est agrégé de lettres.

Il est l’auteur notamment de L’aventure d’Hérodote à Malraux, 1972 et de L’exotisme d’Homère à Le Clézio, 1972.

 

2) Analyse du texte.

Roger Mathé définit l’aventure en recourant implicitement à l’étymologie comme ce qui va arriver et, tout en concédant sa pénibilité, la valorise comme un espoir. Il annonce deux raisons pour cela. La première raison est qu’elle nous fait sortir de nos habitudes pendant son déroulement et nous affranchit d’elles après. La seconde raison est qu’elle nous amène à nous surpasser.

Dans un second temps il pose qu’apprécier l’aventure implique des relations à tout ce qui est changement ou vie extraordinaire. Il en déduit que changer, c’est le début de l’aventure. Il cite Gilbert Lapouge qualifiant un type d’aventurier, le pirate, qui quitte la société dont il est mécontent. Il généralise ce besoin de changement à tous les aventuriers. Ce changement, il le conçoit comme physique mais aussi comme mental. Il oppose aux aventuriers les sages qui n’ont pas cette tentation. Il l’illustre en invoquant des auteurs qui sont demeurés au même endroit : Diogène le cynique, Montaigne, Pascal et La Fontaine.

Il note l’ambivalence qu’évoque le mot aventure : d’un côté la valorisation du courage, de l’autre l’appréhension de la marge. Il précise que l’aventure renvoie à l’héroïsme, ce qu’il prouve en citant Grand Larousse Encyclopédique, même s’il nie que l’aventure se cantonne aux combats comme le dictionnaire le laisse entendre.

Il distingue des aventuriers qui prennent des risques soit en agissant, soit en pensant tout en risquant la vie des autres, en faisant preuve de violence. Il concède cette violence, mais leur désintéressement qui les distingue d’aventuriers dont il a parlé dans un autre moment du texte que celui qu’on a, le service d’une cause fait leur noblesse.

Il distingue une dernière catégorie d’aventuriers qui, explorateurs ou savants, remettent en cause leur vie voire leur bonheur mais pour l’intérêt de l’humanité. Il l’illustre avec l’explorateur René Caillié qui a découvert Tombouctou en y entrant anonymement.

 

3) Résumé.

L’aventure, quoique difficile, nous tente. Premièrement, car elle nous sort définitivement de la routine. Deuxièmement, car elle nous fait [20] nous surpasser.

La passion de l’aventure est liée au changement, physique ou mental, propre à tous les aventuriers. Les [40] sages au contraire savent rester en eux-mêmes.

Le mot aventure connote l’héroïsme et la marge. Certains aventuriers dans [60] l’agir ou le penser s’éprouvent de façon désintéressée même en risquant la vie des autres : ils sont nobles. [80] D’autres aventuriers ne versent pas le sang. Ils servent l’humanité en découvrant des lieux ou des idées inconnues.

100 mots

 

 

[1] 1799-1838. Il réussit à entrer à Tombouctou (actuel Mali) en 1828.

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Beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte. un blog très intéressant. J'aime beaucoup. je reviendrai. N'hésitez pas à visiter mon blog (lien sur pseudo). Au plaisir
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